Liselotte P., Léonore L., Angèle V., Lapidaires de la Maison Piat
Traditionnellement, le lapidaire était un métier masculin mais depuis quelques années de nombreuses femmes se forment et intègrent les ateliers lapidaires. C’est le cas de la Maison Piat où désormais on compte trois femmes pour un homme. Faisons une exception grammaticale où le masculin l’emporte sur le féminin pour se focaliser sur la majorité, raison pour laquelle cet édito sera au féminin. Néanmoins, en tant qu’équipe, nous adopterons le « nous » dans ce papier.
Lorsqu’une pierre brute arrive à l’atelier, la première étape pour nous est de l’étudier très attentivement. Et selon sa valeur cela peut prendre des jours. Durant cette période, nous allons nous poser une multitude de questions : allons-nous tailler une grande pierre avec quelques inclusions ou au contraire une plus petite mais totalement pure, est-ce que des inclusions peuvent altérer la brillance de la pierre ou au contraire la fragiliser lors de la taille ? En observant le pléochroïsme, nous allons pouvoir positionner la table, plus grande facette de la pierre. Ainsi elle fera ressortir la meilleure couleur et évitera la tonalité secondaire qui pourrait assombrir la pierre ou au contraire devenir dominante.
Forte de cette étude, nous allons immerger la pierre dans une coupelle en porcelaine blanche pour voir plus facilement où se situe la zone la plus intense et la positionner dans la future culasse. La forme générale de la pierre s’esquisse dans notre esprit. Nous allons ensuite préformer le brut à main levée sur la meule de taille à la façon d’un artiste qui esquisse sa toile. A ce moment, la pierre a déjà perdu environ 50% de son poids brut. Elle est ensuite cimentée sur un bâton et placée dans un étui mécanique pour être facettée à l’évention selon le savoir-faire ancestral jurassien. La couronne est la première partie à être taillée. Cette étape se fait sur la meule arrosée d’eau et va contribuer à la perte de poids à hauteur de 15% environ.
Jusqu’à présent les facettes étaient mates à cause des traces laissées par l’abrasion de la poudre de diamant. Dès lors que nous posons la pierre sur la meule de poli, nous allons commencer à la faire briller et à se rapprocher de la fin du processus. Cette ultime étape ôtera environ 5% du poids du brut mais prendra plus de temps que toutes les précédentes. Selon la dureté de la pierre la meule sera en cuivre ou en étain et recouverte d’un mélange d’huile et de poudre de diamant beaucoup plus fine. Exception faite pour l’émeraude qui a une meule dédiée pour éviter que la pâte noircie du polissage pénètre les givres. Le moment où le polissage de la première facette se termine est magique car c’est une fenêtre ouverte sur l’intérieur de la pierre.
En tant que lapidaire, nous mettons merveilleusement en valeur la gemmologie, notre savoir-faire réside dans la capacité à valoriser ce qui a été créé par la nature et faire ressortir toute la beauté du cristal. Ainsi celui ou celle qui aura la chance de posséder ce trésor s’émerveillera de tant de beauté.
Quel magnifique témoignage professionnel et passionné !
Cela rejouis le coeur de la gemmologue et formatrice que je suis … Nos métiers sont indissociables les uns des autres .
Merci !
Mille mercis à vous!